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L'Utr'ardèche: 25 & 26 mai 2013
L'Utr'ardèche: 25 & 26 mai 2013
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25 octobre 2012

Ultr' Ardèche:

L157016_HD0589516[1]  Petit mot de l'organisateur, Laurent Brueyre

L'Ardèche vous  attend,
Le secret de Polichinelle étant éventé depuis quelque temps, j'ai le plaisir de vous annoncer l'édition 2 de l'Ultr'Ardèche les 25 et 26 mai 2013. Certains d'entre vous ont aimé, d'autres ont pu la terminer, encore d'autres auraient
voulu la courir et enfin ceux qui l'ont aimée et terminée en redemande. Les bénévoles et le maire d'Alboussière ont fait le forcing pour que nous retentions l'aventure.
La voie ferrée un peu décriée fait encore partie du parcours, ouais, je suis têtu. Pour moi elle fait partie intégrante de l'UA. Un seul changement le final entre Vernoux et Alboussière, je vous rajoute 3 ou 4 kilomètres mais ce sera un parcours plus sympa, moins de traffic, mais on reprend une petite bosse !

On reste sur 100 dossards. Priorité à ceux qui m'ont fait confiance pour la 1ère. Pour les autres, ce sera filtré. Ravitos : Tous les 10km, on ne change rien, ou presque, on a quelques idées pour les rendre encore plus attractifs. On fait le tour des mairies depuis St Pierre de Colombier jusqu'à Alboussière pour avoir des salles pour les ravitos. Ce sera plus confort pour les bénvoles et les coureurs pourront se tenir un peu au chaud pendant la nuit.

Au plaisir de vous accueillir
Lolonidas et son
équipe d'ardéchois
 

 

 

 

 

 

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24 octobre 2012

Ultr’Ardèche 2012, analyse d’un ultra bonheur…

64x80-images-stories-crew-vincents[1] Par Vincent Toumazou ; 20/05/2012

Le samedi 12 mai 2012, j'ai couru la première édition de l'Ultr'Ardèche, course de 212km sur route avec 4200m de dénivelé positif répartis sur 11 cols. C'est un format similaire à la fameuse Badwater qui a lieu chaque été dans la vallée de la Mort en Californie et que j'ai eu la chance de courir en 2010. Même format mais climat différent : chaleur écrasante et vent brûlant aux USA et températures contrastées et vent glacial sur les hauteurs ardéchoises, où la fameuse burle souffle fort fort.
Après 30 années de disette, l'épreuve marquait le retour en France de ces grandes épopées sur route « à gros peloton », celles taillées pour les coureurs solides qui aiment l'aventure humaine et l'incertitude à fort goût qui l'accompagne. L'occasion était trop belle pour ce que le France (et même plus...) compte de coureuses et coureurs d'ultra et tout le gratin était au rendez-vous. De quoi faire pâlir nombre d'organisateurs et rappeler que la personnalité et le charisme d'un organisateur valent 1000 fois mieux que des lots d'arrivée mirobolants... Une semaine après la fin de l'ère bling-bling, je trouvais une nouvelle raison de croire en mes semblables.
A la lecture des curriculum vitae des coureurs et à l'étude du parcours, je m'étais assigné deux objectifs ambitieux et difficiles mais possibles si tout allait bien : finir dans le top10 et en 27 heures (plus ou moins une heure...). J'ai eu le plaisir d'atteindre ces objectifs en finissant en 27h18 à la 9ieme place. Mais j'ai surtout cueilli un immense bonheur qui va me porter encore quelques temps.
Comme je me suis totalement enivré de chaque instant de cette épreuve, je ne peux pas décrire la chronologie de cette douce ivresse. Mais ce bonheur dont je parle, je l'ai construit pas à pas, jour après jour, foulée après foulée. Je l'ai bâti sur des choses heureuses et d'autres plus sombres. Mais de chaque chose, on se nourrit, on apprend. Alors pour ne pas oublier la recette de ce bonheur-là, je vous en livre quelques ingrédients...
Des racines... Au-delà de ma quête profonde dans ces aventures que j'ai fini par dessiner par petites touches de plus en plus profondément, les dernières années, derniers mois ont fini de m'ancrer dans la course, dans la vie parmi les autres, parmi ceux que j'aime. Je me sens en vieillissant –car oui, ça s'appelle ainsi- plus serein, plus à l'affut du bonheur, ouvert aux bons moments que je sais désormais saisir. Depuis la Badwater 2010, mon plaisir de courir est chaque jour toujours plus grand. Chaque foulée me réjouit quelque en soit l'endroit. Ne croyez pas que je fasse de la méthode Coué, mais je sais que la santé, la liberté, l'estime de soi, la dignité sont des joyaux à soigner, à polir.
Et puis il y a un an de cela, Nathalie a connu des soucis de santé. C'était sérieux et inquiétant. Nous avions en mémoire le voyage californien de l'été précédent avec la peur de ne plus jamais revivre une telle road movie. Le noyau familial et amical s'est serré et mes racines ont plongé un peu plus profondément dans ce que je craignais de perdre. On regarde désormais vers une autre Badwater avec sans doute la conscience de l'exception de tels moments.
Dans le même temps, côté travail, j'ai pu basculer sur des activités qui me plaisent et m'épanouissent. Contribuer au développement de services environnementaux utilisant le spatial pour offrir aux citoyens une meilleure compréhension d'une planète à préserver, voilà qui me mettait en phase avec mes aspirations et mon attachement à notre Terre. Je suis devenu un et un seul, en pleine intégrité. Non plus un coureur, puis un agent du Cnes, puis un passionné du débat, non, je peux chaque seconde de ma vie mettre en cohérence tout ce qui m'est cher. Voilà qui offre une paix sereine au fond de soi...
Alors bien sûr, tout n'est pas linéaire et sans nuage. Pour avoir goûté à tous les sens du terme la préparation mentale sous la houlette amicale de François Castell en 2010, je suis devenu pratiquant et fan de cette démarche. Ainsi j'ai poursuivi dans cette voix avec Agnès Delattre près de Toulouse qui propose une approche globale où notamment l'identification d'objectifs et la visualisation sont des piliers sur le chemin du succès. Même si je pense toujours pratiquer la course comme une démarche spirituelle et contemplative, j'ai fini par convenir que c'était aussi un terrain de jeu extraordinaire, celui du jeu de la course. Ce jeu que nous adorions enfant dans la cour d'école. Je n'en suis donc pas devenu un compétiteur forcené à tous prix, mais joueur et pugnace, j'ai fini par l'assumer...
Plusieurs fois par semaines, les séances d'étirements Mézière et la sophrologie/visualisation que j'y adossais étaient l'occasion de remercier mon corps du chemin qu'il m'autorisait à faire en quasi lévitation, dans la facilité. J'ai ainsi fini par entendre les signaux que mes jambes surtout envoyaient. A aucun moment durant la préparation, je n'ai eu l'impression de me faire violence. Un et un seul, corps et esprit en phase, encore et toujours...
Alors voilà, bien au clair sur le chemin devant moi, la veille de la course, j'ai goûté avec délectation la petite réunion d'initiés, de potes, d'Hommes. Sans appréhension, enraciné dans mes choix, j'étais prêt et joyeux. Il n'y avait plus qu'à...
Des lieux... Les décors étaient de ... Remerciez d'urgence le décorateur ! Canonisez ce gars-là, de toute urgence. Le con ! Il a bien réussi son coup. Bon je dis pas, on lui ferait remonter vent dans le nez, le col de la Fayolle chaque nuit, il apporterait peut être quelques retouches. Mais, bon sang, quel panorama !... Toutes ces fleurs, leurs odeurs qui enivraient, les lumières, le jeu des nuages et du soleil, les points de vue sur les vallées. Ah, que c'était beau. A plusieurs reprises, je me suis arrêté la gorge nouée pour embrasser ces paysages. J'aurais voulu m'en gaver, les avaler pour mieux pouvoir les partager avec ceux que j'aime. Et comme durant la Cannonball 2007, j'ai repensé à ce texte d'Henry Miller que j'aime beaucoup... « N'aimons point la terre d'un amour pervers. Cessons de jouer les récidivistes. Cessons de nous massacrer les uns les autres. La terre n'est pas une tanière, et pas davantage une prison. La terre, c'est le Paradis, le seul que nous ne connaîtrons jamais. Nous le comprendrons le jour où nos yeux s'ouvriront. Inutile d'en faire un Paradis, c'est le Paradis. Nous n'avons qu'à nous rendre dignes de l'habiter. L'homme nanti d'un fusil, l'homme qui a le meurtre dans le coeur est incapable de reconnaître le Paradis même si on le lui montre. » Alors oui, celui qui ne sait pas voir peut toujours regarder. Le bonheur n'est sans doute pas une chose innée. Prenons une pause, la Vie vaut mieux qu'une course.
Mais l'instant d'après les descentes en trajectoires incitent à la bagarre, un vrai toboggan... Les panneaux routiers évoquent en moi des souvenirs d'enfance. Ceux d'un passionné de rallyes automobiles et qui, adolescent, suivait fébrilement le rallye de Monté Carlo sur les ondes de RMC et dans Echappement. L'étape de l'Ardèche était réputée et redoutée. Moi qui n'ai jamais assisté à ce rallye, je me souviens des récits des anciens, les Andruet, Darniche, Ragnotti, Nicolas, racontant l'enfer de Burzet et des congères formées par la burle. J'ai maintes fois entendu parler de la tarte offerte devant le restaurant la Remise à Entraigues. Alors des noms comme Lachamps, la Fayolle, Burzet, Moulinon, trouvent de l'écho en moi. De vagues souvenirs dont l'émotion tient plus aux années passées et à la patine du temps. A 18 ans, j'ai fait quelques courses en navigateur sur une Simca Rallye II. Durant des reconnaissances sur route ouverte, un accident fatal au conducteur quelques temps avant cela m'avait filé la trouille. Je n'ai jamais pu aller au-delà de cette peur et sans regret aujourd'hui, je prends les trajectoires qui descendent sur Burzet sans CO2, sans bruit...
Le silence, voilà qui faisait plaisir à entendre. Même si rapidement le vent l'a malmené en magnifiant le coté sauvage des lieux. L'eau des cascades offrait son gazouillis ou mettait une touche de blanc au décor en vertical. En Ardèche, la Terre est belle... La Terre, l'Air, l'Eau, nous avions tout. Il n'y avait plus qu'à...
Un équilibre entre simplicité, empirisme, adaptation et plaisir... J'ai couru en Ardèche six semaines après les 24 heures de Portet durant lesquels j'avais dépassé les 200km malgré une fièvre tenace quelques jours seulement avant l'épreuve. J'étais alors confiant. J'avais donc de bonnes jambes, de bonnes sensations et surtout une base solide. Mais l'enchainement des deux épreuves n'était pas trivial. C'était même assez fin et l'écoute de son corps, du plaisir et de l'envie était primordiale.
A l'issue du 24 heures, place à une semaine de franche coupure puis une semaine de reprise souple avec 4 petits footings et 4 bonnes séances de marche nordique avec Nathalie. La semaine suivante a été la plus solide et structurée, 6 sorties avec une forte dominante de côtes et surtout un bloc de 3 jours avec 3h15, 2h15 et 1h30, le tout à allure Ardèche avec alternance de 14' marche/1' course. La quatrième semaine a été encore un peu chargée avec une sortie de 32 bornes pour tester tenue et matériel. Les deux dernières semaines furent consacrées à la descente d'entrainement pour arriver frais. Durant ces 6 semaines, j'ai tout particulièrement soigné trois aspects primordiaux : hydratation, étirements/sophrologie et préparation mentale. Le 12 mai à 6 heures du matin, j'étais fin prêt et 100% confiant sur la ligne de départ.
Durant la course, simplicité a été le maître mot. Je ne regarde pas le chrono, je respecte mes périodes de marche augmentant la fréquence de celles-ci dans les longues ascensions (4' course/1' marche). Je ne me suis jamais inquiété de la vitesse, j'avais bien travaillé l'allure spécifique en préparation et surtout mon seul souci, mon seul guide était de garder la sensation à chaque seconde de produire un effort que je saurai tenir confortablement durant plus de 24 heures. Et cela a marché dans le plaisir et sans douleurs particulières. Incroyable !... Peu après le km160, le sommeil m'a rattrapé. Forts de notre expérience sur la Badwater, mes accompagnateurs m'ont aidé à dormir durant 10' à deux reprises. J'ai ainsi pu repartir du col au km170 en pleine forme pour finir les 42 deniers kilomètres en trombes, passant de la 15ieme à la 9ieme place. Quel pied ! Je jouais à la course...
Pour la nourriture, j'ai fait selon mes goûts, jamais de synthétique ni poudre ni gel. Du plaisir à boire et manger tout le long : sirop de menthe, boisson salée en continu (avec du simple sel de table), Pepsi à l'occasion, figues, bananes, gâteaux de riz et semoule, pâtes, pain, saucisson, jambon de pays, soupes et une cuillère de miel quand pointait l'hypoglycémie... Simplissime non ?
A l'occasion dans les longues montées en courant, je visualisais dans ma tête les films d'Anton Kuprika montant à toutes petites foulées. Pour me dynamiser, je passais à un film où des jeunes américains font de la balançoire sur une arche géante à Arches National Park. La musique du film est fun et entrainante, le groupe s'appelle « Don't stop, Won't stop », tout un programme.
Il n'y avait plus qu'à... Je n'appréhendais rien de particulier. C'est pour cela que la fluidité m'a accompagné. Mais pas qu'elle...
Des Hommes... Vous rajoutez à ces ingrédients trois copains complices à l'assistance. Je voyais dans les yeux de Carlos, débutant en ultra et venu à la découverte, le plaisir à suivre cette course. Ça m'a bien boosté... Philippe a régulé, amorti tous les soubresauts visibles ou non. Ceux de l'esprit, ceux du corps. Soignant, à l'écoute, ouvert et généreux, il est un pilier. Ça m'a apaisé... Jean-Pierre a été THE compagnon notamment à vélo dans les 80 derniers kilomètres. Notre duo est à maturité. Paroles inutiles, bruit des pieds, de la respiration, regards lui suffisent à lire en moi. Et que dire du plaisir à partager cette route avec ce compagnon de longtemps ? Ça m'a entrainé...
Mais sans Laurent Bruyere, sa folie à se lancer dans ce projet, sans son équipe, nous n'aurions pas vécu cette aventure. Merci à cette équipe de bénévoles touchants d'humanité. Merci au maire d'Alboussière partout sur le parcours et dont l'étonnement presque candide nous poussait chaque fois. Que dire de son père, maire de Saint Pierreville, km160, qui avait mis à disposition sa maison pour le ravitaillement. C'est la première fois que je m'arrêtais en course dans une cuisine, servi par des dames aux petits soins. Je m'en souviendrai longtemps avec émotion.
Merci aussi à mes compagnons de fortune, connus ou inconnus avant cette épreuve et qui ont éclairé les divers passages de cette route. J'avais avec moi un autre passager. J'avais sa voix dans le fond de l'oreille. La voix si particulière de Serge Lévy, un incontournable dans le paysage athlétique français, qui nous a quittés la veille de Noel après un courageux et digne combat. Serge nous avait énormément aidés pour la Badwater, avec amitié et engagement. Son sourire nous manque.
Voilà, vous avez quelques ingrédients. Apportez les vôtres. Secouez le tout, et voilà un cocktail de 27 heures de bonheur(s) que je goûte encore avec délectation... Run happy !

 Récit de Vincent T, 2012

 

23 octobre 2012

Un petit poucet au pays des géants

Cette terre, l’Ardèche, devait sans doute être habitée par des géants dans  des temps plus anciens ;  des géants haut de six mètres  avec des bottes de sept  lieues pour parcourir cette contrée brutalement verte et  sauvage, tour à tour silencieuse et assourdissante  du chant  de ces multiples cours d’eau , tour à tour hostile au milieu de la nuit, et accueillante au petit matin .

Oui, des géants, forcément, car qui  pour aller poser quelques pierres  sèches  ici et là et former des hameaux isolés au milieu de nulle part, noyés de brume et caressés par la Burle ?

Des bottes de sept lieux, s’est bien dont j’aurais besoin pour  parcourir ces 212 km et 4200m de dénivelée en moins de 36 heures, moi, simple petit poucet au milieu de tous ces « géants » au palmarès plus impressionnant les uns  que les autres.  Surtout que le petit Poucet en question, il est plutôt du genre tennnnndu  et mou du genou en ce moment, du genre petit Poucet qui fait pas trop le malin, hein ? Près de 3 ans que je prends des claques sur de « l’ultra long » : abandon Spartathlon 2009, abandon 24 heures de Roche la Molière 2010 et abandon 24 heures St Fons 2012  5 semaines avant l’Ultr’Ardèche, bref, du petit Poucet de compét’ quoi. 

Donc, le décor est posé, un environnement à la hauteur de l’évènement, un casting de dingue, et un petit Poucet (un peu) rongé par le doute, mais qui a quand même décidé de tout faire pour boucler la boucle.

C’est un vrai « root’s movie » qui s’annonce, d’abord conjugué à la première personne du singulier puis à la seconde du pluriel, le « je » se fondant en « nous » et « on ».

Ce récit se voulait un peu chronologique, mais il se peut que ma mémoire me fasse

  défaut et que j'ai un peu mélangé les  lieux, la chronologie des évenements voir prêté - à tort- des propos à certaines personnes, si c'est le cas, je m'en excuse.

Départ à 6 heures du camping d’Alboussière en queue de peloton, leeeeentement, très  lentement. Un gros 8km/h, à peine, même pas.

Surtout prendre son temps,  profiter, regarder, absorber comme une éponge, faire le plein d’images et de sensations, pour plus tard, pour se souvenir. A ce petit jeu, après quelques échanges avec Guilhen (le fameux Oslo), je me retrouve vite seul à l’arrière, et cela me va plutôt bien ; pour l’instant ça grimpouille gentiment (dès la moindre bosse, je marche, bien évidement).   

Je zappe le premier ravitaillement de Guiloc  car je suis parti avec la poche à eau remplie d’1.5l (avec de l’Effinov menthe), et je liquiderais tout cela en 2h45 avant le second ravitaillement de Lamastre. 

Justement Lamastre, je repars du ravito avec 2 L, (j’ai pas fais gaffe  à la contenance de la bouteille que le bénévole à vidé dans ma poche à eau, c’est pas grave, je ne manquerais pas de liquide et je crois que sur cette course j’ai battu mon record perso « d’ arrêt-pissouille ») : on quitte le bitume pendant près de 30 km  de faux plat montant jusqu’à St Martin ; cela  a un petit côté  trail qui me plait bien :  vrai, il y a quelques cailloux, mais rien de bien méchant, le décor est somptueux, de nombreux ponts sont jetés ici ou là entre ces écrins de verdure .  

Je commence à remonter quelques coureurs qui n’ont pas l’air d’apprécier la nature du terrain et je fais un peu le « yoyo » avec  quelques uns dont certains seront mes futurs compagnons  de route jusqu’à l’arrivée, mais cela, nous ne le savons pas encore. 

- Au ravito de Nonieres, on traverse un long tunnel, je ferais le trajet avec Mathieu (dossard 19), on, partagera notre loupiote dans ce puits  d’obscurité puis c’est « Nicolas (gasgas) » qui nous rattrape  (c’est un bénévole qui tient le ravito N°19 au km182)  il fait les 114 premiers km en courant, mais un peu trop vite à mon goût et après avoir un peu discuté (de triathlon notamment et d’Embrun en particulier), je les laisse filer. 

- Ravito du Cheylard : je passe assez rapidement, j’ai encore du liquide,  question solide, aujourd’hui, je suis un vrai « canard » ou « cochon » , je boulotte de tout, du fromage, du saucisson, des chips en passant par des bonbons Haribo,  le tout pas forcément dans cet ordre : tout est bon (dans le cochon)  pour me faire avancer.

Je repars seul,  il commence à faire bien chaud et lourd mais une bonne averse arrive à point nommé  pour me rafraîchir la caboche (malheureusement assez courte), ce sont les derniers km sur la voie désaffectée, le chemin commence à s’élever, doucement mais surement. 

- Ravito de St Martin : (remière barrière horaire – km 54)  

Ici, je prends le temps de bien faire le plein car on va attaquer le début des hostilités avec le col de l’Ardéchoise (10 km de montée en direction de Borée) . Je fais le plein de la poche à eau et  d’Effinov, et je mets de la poudre de perlimpinpin partout (elle est stockée dans des petits sacs ziploc, c’est pratique à transporter, mais un vrai been’s à transvaser dans la poche à eau)  : une accompagnatrice a un peu pitié de moi et viens gentiment me donner un coup de main (c’est Alex,  la femme de Tot, qui, je ne le sais pas encore, va bien m’aider dans les futurs km). Je prends le temps de manger des pâtes Bolino : à noter que sur chaque ravito, c’est un véritable banquet qui attend les coureurs et les accompagnateurs, jamais vu un truc pareil sur aucune autre course ! 

Pressé d’en découdre avec le premier vrai col, j’en oublie ma casquette au ravito, je m’en aperçois moins d’un km après le départ du ravito, mais j’ai vraiment la flemme de faire demi-tour, tant pis, il me reste mon buff pour me protéger du soleil qui est au zénith en ce moment et ça cogne un peu. 

Sur les premiers km d’ascension, je rattrape Manu Da Cunha, qui a l’air d’avoir un peu chaud, je suis un peu dans ma bulle, je passe mon chemin, je suis bientôt rejoins et déposé par un le dossard 90 (Domnin), qui, avec ses bâtons, court quasiment dans l’intégralité de la pente, il me fait halluciner ; à coté, j’ai l’impression de me traîner, seulement, il passe plus de temps que moi aux ravitos, donc je fini toujours par le rejoindre. 

J’aime beaucoup cette montée du col de l’Ardéchoise, le temps passe très vite – non pas que je m’ennuie-, au grès des panneaux indiquant chaque km restant avant le sommet et le % de pente du km suivant : 3.3 % impecc’, je peux courir un peu, 5.5%, ça me va tout aussi bien,  j’vais pouvoir largement marcher…

Le paysage se fait plus montagneux au fur et à mesure de la grimpette, à un moment donné, je crois que c’est peu après le ravito de bois Lantal, on traverse une petite  forêt de sapins, dont la cime se rejoint au-dessus de la route : j’ai eu l’impression d’entrer dans une cathédrale, une cathédrale de verdure,  j’ai trouvé tout cela très impressionnant,  car j’étais seul à ce moment-là. 

Le sommet du col de l’Ardéchoise  (1184 m d’altitude) est là, j’ai quelques « flashs » qui me reviennent en mémoire, une roulotte rouge vif  au milieu d’un champ, une maison sur la droite que l’on dirait toute droite issue de la « beat generation »…

Maintenant, du plat (un peu) et de la descente jusqu’à Borée. Et là, la descente me fait (déjà) mal aux cuisses, je ne la fait pas d’une traite, alternant course et marche, il reste encore plus de 140 km, donc prudence. 

- Ravito de Borée : je retrouve  Katell Corn et Marc Heurtault ainsi que Fred (TOT) et Jean-Pierre (JP), les deux premiers repartent bien avant nous. Dans la descente qui suit le ravito, je laisse les 2 seconds (TOT et JP sont ensemble depuis le départ) me rattraper pour faire un bout avec eux  ;  en fait nous ne nous quitterons plus jusqu’à l’arrivée.

On se met alors à bavasser comme des pies, on parle de tout de rien, de la course, de la nuit,  je ne vois plus le temps s’écouler, j’en oublierai même de boire et manger, j’en oublie mes premières douleurs aux cuisses ;  à peine le temps d’y penser et le ravito du col de Clède est là. 

La route s’élève encore, direction le pied du Mont Gerbier des Joncs, point culminant de notre balade ardéchoise, sur cette portion nous recroisons Manu Da Cunha , et Charles Payen qui apparemment, souffre de crampes (il vient de finir second à l’Ultra Trace de St Jacques derrière JJ.MOROS).  

La brume s’invite à proximité du Mont Gerbier (que nous ne verrons donc pas), ainsi que le froid. Au ravito, je récupère mon sac avec mes affaires……pour la nuit ; j’ai mal estimé ma progression et j’ai 2 heures d’avance sur mes prévisions qui étaient sans doute trèèèèès  prudentes. Tot et Alex me proposent de prendre mes affaires dans leur véhicule, c’est bien sympa de leur part, et implicitement cela signifie aussi que je veux rester avec eux.

On ne s’attarde pas trop sur le ravito (je me souviens d’un cake au fruit fait maison ici, une « tuerie »),  il fait vraiment froid, cependant, je n’enfile pas ma veste, car le profil qui suit est descendant et je vais vite me réchauffer.

Nous entamons  notre descente, refaisons le « yoyo » avec la paire Katell Corne/Marc Heurtault et sommes rattrapés par un avion fluo, il s’agit de Philippe Favreau  que connaissent bien Tot et JP, et hop, le groupe de « 4 » est formé ;  bon c’est pas les 4 fantastiques, mais on avance pas mal, en faisant du « Cyrano » improvisé (« au muret, on marche, ? Ok….Hop, on recourt ? Ok….). 

- Au ravito de Burzet (ravitaillement N°11), nous atteignons les 100km de course, en 12h45 de mémoire (à ce propos, aucun, mais alors aucun souvenir du ravito N°10) : avec Philippe, nous trinquons à la Heineken que je fais passer avec des Haribos (un vrai canard, j’vous dis).

A ce point, notre petit groupe de 4 va se renforcer avec le retour  de Domnin (vous savez « l’avion » avec ses bâtons dans le col de l’Ardéchoise), et c’est donc un peloton de 5 coureurs qui amorce la longue descente vers St Pierre, prochaine barrière horaire, et véritable « départ » de la course.

Nous sommes en fin d’après- midi, au fur et à mesure que nous redescendons, la température remonte, 

Nous descendons bien, sans doute un peu trop vite (entre 10 et 11 km/heure parfois), malgré tout (le vrai) Xavier Bertrand nous dépose dans la descente (lui aussi avec des bâtons) . 

Cela fini par taper dans l’estomac de Tot, qui, discrètement (je ne m’en suis même pas aperçu), ira poser une petite pizza dans la nature. Nous allons donc un peu ralentir, il n’y a pas le feu au lac, hein ? (quelque chose comme 3 heures d’avance sur la barrière horaire), on est bien là, Tintin, non ?  Ça me fait penser un peu à la Grèce, les odeurs de vigne en moins. 

- Ravito de St Pierre – Km 114 : ( 2 ème barrière horaire) :  il doit être 20h15 

Nous sommes donc laaaargement dans les clous pour finir dans les 36 heures (qui est l’objectif de notre groupe). Nous prenons notre temps pour profiter du bon plat de pâtes concocté par Michel Codet et son épouse. Le ravito est à l’abri dans une petite salle, je mange puis me change pour la nuit (veste fluo + frontale). On fait le point sur la situation : ma foi, je nous trouve plutôt gaillard, et c’est tant mieux car, il nous reste moins de 2 heures de jour et les montagnes russes sont au programme pour la nuit.

Après pas loin d’une demi-heure de pose, hop, c’est reparti en marche active (on récupère au passage la doublette Katell/Marc partis dans la mauvaise direction après le ravito) en direction de Juvinas, la nuit nous cueillera dans la montée et avec elle, c’est le silence qui s’installe dans notre petit groupe. Et avec la nuit, un nouvel invité pointe le bout de son nez : le vent, qui s’appelle ici la Burle. Tout d’abord, léger, caresseur, joueur,  il se fait plus insistant et mordant à mesure que nous remontant vers le nord. D’ailleurs, au ravito de Juvinas, Isa l’épouse de Laurent, nous avertis que le gaillard souffle fort du côté d’Antraigues et nous conseil de bien nous habiller.  

Et bien, nous ne serons pas déçu, jamais je n’aurais imaginé ces conditions le matin avant de partir (quand je pense que j’ai failli ne pas prendre ma veste !!) Nous sommes équipés comme pour une sortie en hiver : veste, gants, buff, bonnet, collant long  (sauf bibi qui n’a pas prévu le coup - et qui est toujours avec son petit boxer raidlight....) 

Entre Antraigues (et sa jolie place où nous serons accueilli par le Maire d’Alboussière)  et St Julien, j’ai de nombreux « trous » : c’est simple entre 2 ravitos, on monte, puis on redescend, l’obscurité gomme le paysage et le temps. 

Je revois notre groupe progressant souvent à la queue leleu luttant contre la Burle telle une cordée, le faisceau lumineux de nos frontales nous reliant les uns aux autres.

Pendant cette période, J’ai comptabilisé au moins 3 passages à « vide » où j’ai eu l’impression de m’endormir debout, tout en marchant, comme hypnotisé par le hallo de ma frontale : je suis quasiment sûr d’être passé par des phases de micro-sommeil.

Cela n’a jamais duré bien longtemps quelques minutes tout au plus, « la vie du groupe » me tirant de ma torpeur. A un ravito, je ne sais plus trop lequel, Tot me dis de les laisser qu’ils nous retardent, c’est vrai que parfois avec Domnin, on est un peu devant. Je réfléchis, pas longtemps, comme dirait mon fils ainé « genreeee, ça se fait trop pas !!! » Non, bien sûr, cela fait trop longtemps que nous sommes ensemble, mieux vaut rester ensemble et se serrer les coudes ; il reste quelques heures de nuit, après se sera gagné.

Au ravito de St Julien (km 150), on retrouve Hervé (Bec) qui jette l’éponge, frigorifié ; je lui propose de repartir avec notre petit groupe, mais sa décision est prise. Alex, me propose un corsaire, car avec mon petit boxer, je commence à peler sérieusement des cuissots, je commence par refuser (bien fait pour toi, tu n’avais qu’à prévoir) et puis, bon, de toute façon, il est là ce corsaire, il ne sert à personne, alors autant le faire voyager sur le bonhomme plutôt que dans la voiture. 

C’est reparti, direction St Pierreville, et sa barrière horaire : ce tronçon est mortel : mortelle la montée car les fameux pourcentages en côtes que nous attendions jusque-là, et bien, ils arrivent, mortel le vent toujours aussi fort et qui nous scotche littéralement à la route , mortelle  la descente qui suit et nous fracasse les cuisses tant et si bien que nous la feront en marchant, mortel car Domnin, si à l’aise jusqu’à présent décide d’arrêter au prochain ravito pour cause de quadris explosés et de chevilles qui commencent à partir en sucette . 

- Ravitaillement de St Pierreville, km 161, quelque chose comme 23h30 de course.  Une petite maison accueillante, l’impression d’entrer dans un véritable refuge, dont le gardien serait le  Millepattes (Alain Corgier) égal à lui-même, chaleureux et aux petits soins pour les pèlerins que nous sommes.

Une petite cuisine, des bols de soupes fumants sur une nappe cirée (euh, non on n’est pas dans Boucle d’Or et les trois ours). Une petite chambre avec des coureurs qui se reposent (dont Maria qui dort comme un bébé et qui reviendra ensuite à fond les ballons et nous coller une mine après Vernoux). On y resterait bien au chaud, mais la chaleur commence à nous engourdir les guiboles.

Hop, c’est reparti en petites foulées car cela redescend. Hop, demi-tour à grandes enjambées, j’ai oublié mon buff sur la table…Tiens, non,  mon buff n’a pas quitté mon poignet, …. hop  je repars au galop (enfin, hum, bref, pas si vite quand même, hein). 

5H15 ou 5h30 le soleil se lève enfin, près de 4 heures d’avance sur la barrière horaire : il nous reste plus de 12 heures pour faire les derniers 50 km : on est laaaaaaaaaaaaaaaarge on vous dit.

Le vent qui nous avait laissé un peu souffler après le col de Fayolle nous remet une claque derrière l’oreille dans la montée de  Gluiras . A ce ravito (comme à tous ceux tenus durant  cette nuit venteuse), j’admire le dévouement des bénévoles qui  doivent aussi lutter contre le froid et le vent. 

Hop, c’est reparti,  descente vers Chervil, le soleil commence à bien nous réchauffer, ouais, mais bon, ce n’est pas qu’on trouve le temps long, mais on aimerait  bien sentir un peu l’écurie, donc on relance la machine en descente en faisant de bons « Cyrano » (du genre 9’ course/1 ‘ marche). Pendant la descente, je commence à faire des calculs sur notre heure d’arrivée probable, vers 15h00 (soit 33 heures), je sors souvent ma « feuille de route » pour regarder le profil et les km restants, et je commence à me dire que l’on pourrait même arriver pour le café vers 14h00. 

Mais nous n’en sommes pas là, le ravito de Chervil se fait attendre, il n’est pas là où je pensais, il se situe au pied du col de Chalencon sur un pont en pierre. Nicolas(gasgas) nous accueil tout sourire, nous annonçant 7km de montée jusqu’au prochain ravito.

Il est 9 heures (ou pas loin), un semblant de petit déj’ s’impose : petit thé, pain d’épice  et en avant pour la dernière grosse bosse. Le soleil commence à donner, je tombe la veste et le corsaire en route (merci la Tot’s family), la montée est agréable, je suis étonné d’en avoir encore bien sous le pied (j’arrive à courir sur certaines portions de la montée au grès de mes arrêts "pissouilles" et vestimentaire pour rattraper mes acolytes).

Et puis vint le moment, en arrivant à l’avant dernier ravitaillement de Chalencon, où je glisse à mes camarades la perspective de la « médaille d’argent », les « moins de 32 heures », c’est pas un « top –là » général (même si Tot avoue y avoir songé), mais cela permet à tous de se fixer un autre objectif afin de ne pas trop trainer sur la fin de parcours : il nous reste plus de 3 heures pour faire 22 km, c’est laaaaaaaaarge, non ? Oui, mais pour autant nous repartons du dernier ravito, vite, bien trop vite, enfin à +/- 10 km/h  pendant 40 minutes jusqu’au pied de Vernoux où nous finirons par marcher avec Maria qui nous a rattrapé (elle est en pleine peau d’ailleurs) ;  on discute tous ensemble, elle nous parle un peu de cette partie qu’elle connaît (Vernoux est le village de Fiona Porte), et devinez qui est de retour et qui ne nous lachera définitivement plus ? La Burle….

(200km de course et pas loin de 4000m D+ en moins de 30 heures, je nous trouve plutôt pas mal ? Non ? et c'est pas fini) 

A Vernoux sur le dernier ravito, nous faisons des photos tous ensemble avec Maria, ça sourit, ça rigole, là cela sent l’écurie, et puis le dernier bénévole nous dit : « allez, plus que 13 km », là c’est la douche froide, comment cela 13 ? C’est pas 11 km ??? Et non, erreur de ma part, non pas de calcul, mais de lecture (après vérification, mon graphique était bon, mentalement, j’ai juste un peu raccourci le trajet). 

Et c’est au même moment que mon corps se rappelle à mon bon souvenir, notre belle cavalcade dans la descente de Vernoux aura sonné le glas de ma cuisse gauche (pas le quadri mais le vaste interne),. 

Quel dommage car le reste de la machine est nickel,  je sens bien quelques ampoules, ici ou là mais bof, rien de bien méchant, l’état de fatigue est supportable, après l’arrêt au dernier ravito, je n’arrive plus à prendre appui sur ma jambe gauche, la contraction du vaste interne est trop douloureuse, je dois me résigner à marcher : 13 km, misère cela va durer des heures !!! Et avec la Burle en pleine poire, autant dire que c’est fichu pour les moins de 32 heures, car évidement, le quatuor ne veut pas se séparer (merci les gars !). 

Nous nous faisons une raison, et je suis un peu gêné  car c’est moi qui est piqué la mouche du coche et c’est moi maintenant qui traîne la patte, cependant j’arrive à marcher parfois d’un bon pas. La portion entre Vernoux et Boffres est non seulement la moins glamour du parcours, et même un peu dangereuse avec les voitures de sorties à l’heure de l’apéro (l'Ardéchois aime bien roulé vite, non ?) . Bon, on est en mode « 100% marche  maintenant, et ironie du sort, la Burle a beau soufflé, cela n’empêche pas le soleil de nous buriner la couenne.

Un dernier avion viendra nous déposer, c’est Marc Heurtault qui est parti pour un final de folie, lui qui semblait un peu à la peine en fin d’après-midi à St Pierre, et bien il finit sur des chapeaux de roue, ces "V3" sont extraordinaires (il fera moins de 11 heures aux 100 km de Chavagne 1 semaine plus tard (sic)). 

Le panneau Alboussière, enfin, nous y sommes avant 14h00 (donc moins de 32 heures), mais il reste plus d’un km avant le camping, cela veut dire qu’en fait, même avec l’erreur de calcul nous aurions pu décrocher cette médaille d’argent en chocolat (pour 4 minutes au final) si on en avait pris conscience.

Mais au fond, tous les quatre, on s’en balance : sur la route qui descend gentiment jusqu’au camping, nous voyons et entendons le comité d’accueil, les longs coups de sifflet sont comme des appels à accélérer le pas, voir même à trottiner. Mais non, on se sert tous la palluche, on se remercie, calmement, presque pudiquement, simplement heureux du sort qui nous à jeter les uns avec les autres sur ces routes ardéchoises, et profitons de ces derniers instants d’un pas qui me semblait léger.

A 14h04 nous franchissons l’arrivée tous les quatre, alignés comme un rang d’oignons, personne ne voulant se mettre en avant, et garder le plus longtemps cette unité que nous avons conservé pendant tous ces  kilomètres.

Bon, ça fait un peu guimauve tout cela, hein, mais, quand même, la course aurait-elle-été sans doute tout à fait différente si nous avions voulu faire notre chemin séparément. Pas certain que je serais allé plus vite, ou même terminé, seul, qui sait ? Et puis l’union fait la force, c’est bien connu, j’imagine que chacun a tiré un peu de force du petit groupe que nous avons formé pendant ces quelques heures et j'espére que, comme moi, chacun a pris plaisir à partager ces moments uniques finalement, non ? 

Voilà,  Laurent et une partie de son équipe nous accueillent les bras ouverts (et avec une HK ;-)), moment privilégié pour le remercier encore de nous avoir offert une si belle et rude épreuve. La fatigue me tombe dessus comme la pluie sur un jour sans pain et je ne traine pas trop avant d’aller me doucher et me reposer dans ma tente.  

Qu’est-ce que c’est vachement bien un repas de fin d’une telle course !!!! (Surtout quand tu la termine, ben oui) - J’ai encore en mémoire l’après-course du Spartahlon où j’étais malheureux comme les pierres - , enfin repas, je devrais plutôt dire « banquet-remise de récompenses ». Coincé entre JP, Alex, et Tot , le (très) grand Phil (Warembourg) et son épouse, c’est une vague de « standing-ovation » pour Laurent, Isabelle et leur équipe de bénévoles qui nous fera lever plusieurs fois, l’émotion est palpable, et bien réelle ; mais la décompression aussi est au rendez-vous et entre Tot, JP  qui balancent des vannes je pique souvent des fous  rire (un peu « abruti » par la fatigue….et le rosé sans doute;-))  

Nous monterons tous sur le podium pour aller rechercher notre « Ardoise » de finisseur de cette première édition, Laurent a un mot pour chacune et chacun d’entre nous, personnellement, ma « Revanche » est prise sur le Spartathlon. 

D'ailleurs, pourquoi parler de "Revanche", des multi-finisseurs du Spartathlon ont butté sur l'Ultr'ardéche, cela-en change-t-il leur valeur ?  Non bien sûr. Doivent-ils avoir un sentiment de revanche ?  Je ne sais pas. Des lieux différents, des pays différents, des courses différentes, mais bien souvent les mêmes hommes.  

Est-ce que je reviendrai faire cette course ? Je ne sais pas, d’ailleurs, il y aura-til une seconde édition ? J’ai envie de rester sur ces très bons souvenirs (et ne pas les "pervertir" par une autre édition qui n'aurait forcément pas le même goût), et laisser ma place à d’autres,  qui n’auraient pas eu la chance d’être de la première.

Récit de Zeb,2012

22 octobre 2012

Vincent dit " Gouzy " nîmois, dossard n°47, 16ème en 28h29

"L'Ultr'Ardèche c'est doux comme le duvet d'une châtaigne mais il faut commencer par décortiquer la bogue et se farcir les gentilles épines."

"Sur les 212km de l'Ultr'Ardèche il y a plus de cols à gravir que d'habitants à saluer" Ces 2 citations d'un illustre inconnu, du temps jadis, résume bien cette épreuve mythique qui a vu le jour au début des années 2010 (le 12 Mai 2012 pour être précis).

Dans un vieux carton au fond de mon grenier je viens de trouver le récit d'un vieil ancêtre qui a participé à cette édition 1, il y a fort longtemps. Un bout d'ardoise joli mais très poussiéreux trône depuis des générations sur la cheminée des mes grands-parents, en enlevant la poussière j'ai pu y lire.

 "Finisher Ultr'Ardèche 2012". Voici son récit, il n'a pas pris une ride:

24h après mon arrivée je ne ressens presque plus aucune douleur, juste une cheville/poteau plus impressionnante que douloureuse. Ceci pour vous dire mon étonnement des capacités du corps humain. Nous avons couru/marché 212km de côtes et de descentes (très peu de plat) avec un bon orage, une nuit très fraîche et hyper venteuse. Quand la tête décide de s'inscrire à un tel Himalaya c'est qu'elle sait que le corps est capable de le faire. Depuis Novembre dernier je rêvais secrètement de courir cette Ultr'Ardèche naissante mais ce n'est qu'une semaine avant que j'ai pris la décision d'y prendre le départ, boosté par JBJ et TOT notamment!

Des noms prestigieux se bousculent sur la liste des engagés, le petit Gouzy ne veut pas rater ce rassemblement, cette épopée, être sur la photo de départ est mon seul objectif, arriver au CP 161 me comblerait, finir m'est pourtant et encore inconcevable.

Conduit de main de maître par notre néo-Spartathlonien lolo07 (Lolonidas comme l'a signalé justement Tot lors de la remise des récompenses) avec une équipe de bénévoles de tous horizons, beaucoup d'amis Transe Gaulois, des CV à tomber par terre de la petite centaine d'engagés, une Ardèche belle et indomptable, une montagne douce aux cols sévères, un calme reposant aux senteurs apaisantes, une biche, 2 lièvres, un renard, un écureuil: mon week-end Ardéchois aurait été déjà comblé. Mais voilà je suis arrivé au bout de cette aventure, j'y ai battu mon record sur 24h et  continué encore 4h30 à me délecter d'un bonheur simple, rare. Pas une minute de sommeil, juste 2 poses assis sur un parapet entre 3h et 5h du mat en pleine côte, en plein vent, en pleine forêt, la prise de conscience de la chance d'être là au milieu d'un paradis et repartir de l'avant... 28h29' de course et une 16è place (anecdotique) , une sieste d'une heure puis vite retourné voir les copains arriver jusqu'à 18h: c'est partie intégrante de la course !!! Applaudir tous les finishers et revivre autant de fois SON émotion, que du bonheur !!!

Beaucoup d'émotion lors du repas d'après course, les mots simples et remplis d'émotion de Lolo, de son génial et volubile Maire, de Philippe Herbert, résonneront longtemps dans ma tête d'ultra coureur. Les "standing-ovations" adressées à toute son équipe, les poils du corps tout entier qui se mettent à faire la ola, des sommets qui font que l'on aime tant l'ultra !

Avec l'Ultr'Ardèche de nouveaux horizons sans limite se laissent apercevoir, ma Transe Gaule 2011 ayant commencé le travail l'été dernier...

Un grand bravo aux finishers, une accolade à ceux qui n'ont pu finir, ces quelques mots à vous tous qui comprenez ce que nous avons vécu. Dernier inscrit cette année, je veux bien être parmi les premiers pour 2013 !!! Longue vie à Ultrdèche

Vincent G; 2012

 

 

 

 

 


 

 

 

 


 

 

 

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